Ou comment l'essor de l’e-santé contribue au développement d'une médecine préventive ?

Les éternels vœux pour la nouvelle année concernent souvent en premier lieu la santé, d’ailleurs de manière incantatoire. Cette fameuse santé qui devient un capital que l’on cherche à préserver au mieux et au plus tôt.

Au-delà des considérations humanistes, se cache derrière cette impérieuse nécessité d’être en bonne santé une réalité économique majeure pour nos sociétés, le coût de la santé représentant près de 12% du PIB en France, avec plus de 180 milliards d’€. Les dépenses de santé doivent donc être réduites à tout prix, car il n’est plus possible de les financer à l’heure du vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie. Prendre soin de soi, moins consommer ou mieux consommer les médicaments et les soins, anticiper et faire changer les comportements pour une meilleure prévention, réaliser des diagnostics au plus tôt pour sauver des vies ou trouver “dès le premier coup” le bon traitement, assurer un meilleur suivi des soins pour une guérison plus rapide (…), constituent autant d’enjeux pour une meilleure efficacité des soins. Un des leviers majeurs pour passer d’une médecine curative à une médecine préventive est l’essor attendu de la e-santé, c’est-à-dire la santé utilisant les moyens modernes des nouvelles technologies ou encore les solutions mobiles (on parle alors de m-santé) et connectées. La concrétisation de la promesse de l’e-santé n’a jamais été aussi attendue.

L’accélération de l’adoption des technologies mobiles et des objets connectés par les usagers laisse augurer une croissance forte de l’e-santé qui représentera un marché de 3 milliards d’euros dans les années à venir. Preuve de l’essor de ce phénomène de société, la CNIL a publié un très beau dossier en mai 2014 intitulé “le corps, nouvel objet connecté”. La démarche se veut avant tout prospective, montrant l’exemple de Léa, cette jeune femme qui en 2020 est en permanence suivie dans ses comportements quotidiens pour mieux dormir, mieux manger, en étant coachée par son assistant numérique. Dans le cadre d’un programme soutenu par son entreprise, le coach numérique ActivHealth de Léa vérifie en permanence son état de stress et lui propose de faire une pause au moment adéquat dans la journée et l’informe de la réservation d’un créneau horaire dans la salle de gym à proximité. Bien évidemment, son assistant la réveille “au bon moment” respectant ses cycles de sommeil, et réorganise ses rendez-vous de la journée pour tenir compte du décalage de 15 minutes de son réveil…et tout cela pour le bien-être et la santé de Léa, sous l’œil bienveillant de son entourage et de son entreprise !

Conscients des enjeux, les pouvoirs publics encouragent le développement de nouvelles chaînes de valeurs entre acteurs de la santé dite « traditionnelle » et les entreprises du numérique à travers des investissements d’avenir en économie numérique ou autres programmes européens comme « Health 2 Care ».

Cette évolution de la société est une opportunité pour un groupe informatique comme Hardis Group qui est positionné sur le développement de services digitaux notamment sur des solutions mobiles, en exploitant les possibilités offertes du big data et l’analyse prédictive. Tout l’enjeu est de collecter, stocker et exploiter des données hétérogènes des patients et personnes en bonne santé (mais certainement des malades en devenir !), transformer ces données en information ayant du sens afin de les exploiter pour influer sur les comportements. Nous venons d’ailleurs d’être labellisés suite au dépôt d’un projet collaboratif dans le domaine de l’e-santé avec d’autres partenaires (acteurs de la santé, mutuelle, laboratoires de recherche, start-up) auprès des pôles de compétitivité Minalogic à Grenoble, Lyonbiopôle et Cap Digital Paris.

Si les technologies sont désormais disponibles pour proposer des services sur-mesure en fonction du moment de vie de chacun, cela pose des questions éthiques voire économiques. Comment annoncer à une personne “en bonne santé” qu’elle a une très forte probabilité de développer une maladie grave incurable, et comment cela peut-il influer sur l’évolution de la maladie de cette même personne, quand on sait que les aspects psychologiques ont un impact important sur le processus de déclaration de la maladie ou de guérison? A-t-on le droit de dé-rembourser un patient qui ne suivrait pas correctement un traitement très coûteux pour la société, dès lors que l’on sait mesurer la bonne (ou mauvaise) observance des soins grâce aux objets connectés ? Doit-on aller vers une individualisation de la tarification de l’assurance en fonction du risque dans notre société française fortement ancrée dans le principe de mutualisation ? Un assureur devrait-il faire bénéficier de tarifs avantageux à court terme à un assuré en bonne santé pour un gain à moyen terme de réduction des frais de santé ?

Ce sont autant de questions posées sur lesquelles le législateur et les professionnels de santé, les assureurs, mutuelles doivent se positionner. Gageons que l’évolution rapide de notre société, des usages autour du mobile et des objets connectés, va nécessiter d’apporter des réponses dans les prochaines années. La frontière entre bien-être et santé est en train de s’estomper, et les applications et les technologies pour le développement de l’e-santé sont déjà là et disponibles.

Rendez-vous donc en 2020 ! En attendant d’en profiter pleinement, nous vous souhaitons une excellente santé pour cette année 2015 !

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Yvan Coutaz

Directeur Général, Hardis Group

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