Par Damien Pasquinelli

À l’inverse de la décennie qui vient de s’écouler, aucune véritable rupture technologique ne semble se profiler dans les prochains mois. La crise est plutôt l’occasion de rationaliser autour de technologies existantes utiles et de projets favorables à la performance durable et à la résilience des entreprises.

2020, déclencheur de rationalisation

Déjà 13 ans ! La crise financière de 2008 semble bien loin, tant les évolutions, notamment technologiques, se sont multipliées depuis. Une course à l’innovation effrénée qui est d’ailleurs une conséquence de cette crise : pour créer de la valeur, les entreprises ont en effet plus que jamais cherché à innover. À tel point qu’une certaine « surchauffe technologique » a pu être constatée sur la fin de la dernière décennie.

Il aura finalement fallu l’arrivée d’une nouvelle crise, et l’arrêt brutal des économies qui en a résulté, pour remettre en question cette doctrine de l’innovation à tout prix. Dans les premières semaines de la crise sanitaire en effet, c’est une toute nouvelle organisation qui a dû être mise en place (ou renforcée) pour le travail à distance. Puis, face à la persistance de la crise, le besoin de résilience a conduit beaucoup d’acteurs économiques à consolider leurs fondations, et notamment à rationaliser et pérenniser leur système d’information.

De fait, les entreprises sont passées de projets liés autour d’une technologie en particulier (IoT ou blockchain par exemple), qui parfois s’avéraient très expérimentaux, à des projets mixant plusieurs technologies pour répondre à des enjeux, problématiques ou besoins particuliers. Depuis le premier confinement de 2020, l’objectif est donc moins l’innovation pour l’innovation, que la recherche de productivité, de baisse des coûts de production ou encore, par exemple, l’amélioration concrète de la relation clients.

Industrialiser les technos utiles, abandonner les superflues

Pour beaucoup d’entreprises, ce contexte exceptionnel est donc l’occasion de se poser les bonnes questions en matière technologique, et de faire le tri entre les projets utiles et ceux qui sont superflus, ou dont la création de valeur reste lointaine. Pour les DSI, il s’agit d’industrialiser les technologies utiles et de privilégier les projets capables d’aider leur entreprise à s’inscrire durablement dans la croissance, mais aussi à gagner en agilité, en adaptabilité et en intelligence.

Dans cette perspective, le cloud tire clairement son épingle du jeu, mais en toute rationalité : les projets prometteurs voient leur mise en production accélérée, tandis qu’à l’inverse, les décisions d’abandon sont plus rapides si les résultats ne sont pas au rendez-vous. En parallèle, la question de la transformation des pratiques est au cœur de l’évolution, avec une recherche systématique de réduction des coûts opérationnels du cloud (avec le DevOps, DataOps, MLOps par exemple).

De la même façon, et en continuité de l’ouverture toujours plus importante du système d’information à l’écosystème de l’entreprise (données et applications accessibles aux clients, partenaires, fournisseurs), la multiplication du télétravail dû à la crise sanitaire a imposé la sécurité comme l’un des enjeux technologiques majeurs des organisations. Une tendance qui s’inscrira sans aucun doute dans la durée, pour assurer résistance et résilience, le cas échéant, aux organisations.

Enfin, et sur les mêmes fondements (ouverture du SI vers l’extérieur), l’approche « Total Experience » (ou multi-expérience) semble se confirmer comme un axe prioritaire de la transformation digitale.

Une non-rupture résolument tournée vers l’avenir

Si la tendance n’est donc pas à la rupture technologique mais plutôt à la prise de recul et à la rationalisation, il n’est pas question pour autant d’immobilisme. Car c’est à des enjeux de construction de l’avenir, de maintien de l’activité, de performance et de durabilité que ce nouveau paradigme technologique doit répondre.

Raison pour laquelle les projets de digital workspace, qui offrent une expérience de travail unifiée partout et facilitent la collaboration, ou encore la tendance à automatiser tout ce qui peut l’être (« automation everywhere » : RPA, no code/low code, etc.) ont connu avec la crise une véritable accélération, qui devrait se poursuivre dans les prochaines années. Quant au machine learning et à l’intelligence artificielle, ils devraient faire l’objet d’efforts substantiels pour leur intégration à des cas d’usage à l’échelle.

Tous ces projets d’avenir n’oublient pas pour autant la durabilité, dans un souci de limitation des coûts environnementaux de l’IT, une préoccupation de plus en plus prégnante dans les DSI.

En conclusion, la crise sanitaire de 2020 aura agi comme un véritable électrochoc et réduit sensiblement la surchauffe technologique, au profit de projets utiles et efficaces aux organisations. De façon plus inattendue, c’est aussi le risque de dépendance technologique que la crise a mis au jour. En approvisionnement en matériels (semi-conducteurs notamment) mais également dépendance à l’énergie et même aux datas (utilisation de datas tierces par exemple) : un risque qui n’est pas si anodin avec des business models de plus en plus dépendants des données.

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