Tu es comme tout le monde, tu as déjà essayé « Dis Siri » ou « Ok Google » (chacun sa cam’) avec ton tout dernier smartphone fraîchement sorti de sa boîte ou ta dernière smartwatch. Ça fait bien devant les copains, tu frimes. Au bout de quelques instants, tu te fatigues de parler en saccader, de répéter deux fois chaque phrase ou pire de finalement devoir cliquer pour appeler Léa, ta copine, ou bien Léa, ta sœur (certains diront que tu l’as cherché). Alors tu abandonnes ta passion des premiers jours et tu continues, comme le commun des mortels, à te servir de tes doigts pour interagir avec ta machine.
Tu te souviens aussi de ton pote super lourd qui s’est amusé pendant toute une soirée à réveiller ta montre avec le fameux « Ok Google, appelle Maman » en espérant que tu ne t’en rendes pas compte. Non ? Tu n’as jamais vécu ça ? Bon c’était peut-être juste mes potes…
Reconnaissons quand même que le « Réveille moi dans 7 minutes » pour une cuisson al dente de tes pâtes te sert régulièrement quand tu n’es pas en train de boire des bières avec tes copains. Bon ok. Mais à part ça ?
Les Google Home, Alexa et autres assistants personnels se positionnent donc sur un marché domestique. Tu veux garder ton intimité ? Très bien, tu pourras discuter chez toi. En clair, la journée c’est comme maintenant, tu as ton téléphone, tes habitudes, mais le soir quand tu rentres chez toi, tu pourras enfin discuter avec ton Google Home chéri. Maintenant, mettons de côté les colocs, les familles avec des ados rebelles, les couples infidèles, toutes les personnes qui ne souhaitent toujours pas partager leur intimité une fois rentrés à la maison, voilà la population cible de cette technologie. Tous les autres ? Ils continueront d’utiliser leur téléphone et ce sera aussi pratique et rapide pour eux de faire n’importe quelle recherche sur leur joujou préféré.
C’est vrai, les techniques évoluent. Google nous montrait dans sa dernière Google I/O que le Google Home pourrait reconnaître les voix des personnes, que la reconnaissance allait être plus rapide, etc.
Pour ceux qui n’auraient pas encore vus le film Her arrêtez immédiatement tout ce que vous faîtes et regardez ce merveilleux film. Il nous parle d’un homme qui tombe amoureux d’une intelligence artificielle matérialisée par la sublime voix de Scarlett Johanson. Dans ce film, les interactions avec son téléphone (sorte de boitier de 2x2cm) se font via le vocal. Tout le monde communique de cette façon dans la rue, dans les transports, au travail…
Sérieusement, tu t’imagines dicter le compte rendu de ta réunion provinciale dans le TGV ou ton texto coquin à ton cher et tendre en plein milieu d’un métro blindé ? Non. Tu as besoin d’intimité. Pas d’aller aux toilettes pour cacher à ton manager que tu expliques à ta mère comment rebrancher le wifi.
Il existe d’autres technologies avec le vent en poupe qui viendront, j’en suis sûre, concurrencer le vocal : la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Ici, tu ne peux pas te passer de l’écran. Comment allons-nous faire cohabiter ces deux technologies ? Qui remportera la guerre ? Je suis sûre que quand tu pourras filmer un flyer de concert et que ton assistant te proposera d’acheter un billet pour celui-ci (ça c’est demain) tu ne pourras plus te passer de ton téléphone. Les possibilités offertes par la réalité virtuelle sont infinies. Tu peux créer un nouveau monde et apporter de nouveaux services.
Alors dis-moi, tu préfères discuter avec Scarlett Johanson ou voir Scarlett Johanson ? Je te l’accorde c’était facile. La question se pose quand même, nous sommes dans une société de l’image, nos fils d’actualités sont remplis de vidéos sous-titrées, nous voulons voir. Entendre et parler ne nous intéresse pas.
Qu’on se le dise, je suis totalement convaincue de l’apport qu’aura le Google Assistant sur les services qui nous seront proposés. Nous utiliserons notre clavier ou notre caméra pour communiquer avec lui, mais pas notre voix.