Chéri(e), as-tu lancé le lave-vaisselle ? Non, il est en attente et c’est EDF qui le démarrera ! Conversation futuriste ? Peut-être un futur pas si lointain…
Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 ?
Il y a quelques mois, est paru le rapport « Vers un mix électrique 100% renouvelable en 2050 », publié par l’ADEME sur la transition énergétique. Le parc nucléaire français qui assure 80 % de la production électrique arrive à un âge moyen de 25 ans… pour une durée de vie des centrales de 30 ans. Au-delà de la COP21, la question du renouvellement est donc d’actualité.
Comme le rapport fait 120 pages, je vous fais un résumé… orienté digital. Pour les plus motivés, le rapport est ici.
L’étude veut prouver qu’il est tout à fait envisageable d’avoir un mix 100 % renouvelable à un horizon finalement assez court. 2050, ce n’est que dans 35 ans ! Le mix renouvelable serait d’environ 60 % éolien, 20 % solaire, 10 % hydraulique et 10 % d’autres sources (biomasse, marée, vagues, etc … )
La difficulté d’un tel mix est l’adéquation production/consommation. Pour qu’un réseau électrique puisse fonctionner, la consommation doit être égale à la production (ou l’inverse ?), à tout moment de la journée. C’est l’ajustement offre/demande. Si cette équation n’est pas respectée, le réseau s’écroule, c’est le black out. Le dernier en Europe a eu lieu en 2006 privant d’électricité 15 millions de personnes https://fr.wikipedia.org/wiki/Panne_de_courant_du_4_novembre_2006_en_Europe
D’une production maîtrisée à une consommation maîtrisée, les objets connectés introduisent un nouveau paradigme
Le rapport apporte une réponse après une analyse fine au pas horaire. L’équation offre/demande peut être respectée avec 100 % de renouvelables. Et ce même pour des scénarii météorologiques défavorables (années peu ensoleillées, peu ventées, années froides, sèches…).
Pour cela, nous devons changer de paradigme énergétique. Aujourd’hui, la production est maîtrisée, elle s’adapte à la consommation qui elle est erratique et variable. Demain la production sera erratique et variable, mais la consommation sera maîtrisée !
C’est ici qu’entrent dans la danse les objets connectés permettant de piloter les consommateurs (chauffe-eau, lave-linge, lave-vaisselle, chauffage, climatisation mais aussi pourquoi pas les charges des appareils électroniques, des vélos électriques, etc.). Le réseau aura le choix de démarrer ces appareils quand il y a du soleil et/ou du vent, et de les arrêter quand un nuage passe… tout en respectant mes consignes. Mon véhicule doit avoir minimum 85 % de charge à 7h30 quand je pars au travail. Mon linge doit être propre à 17h30 quand je rentre à la maison pour l’étendre, la température de mon logement doit être de 20°C à 18h, celle de mon frigidaire peut varier entre 6 et 8°C, etc.
On comprend mieux la guerre qui fait rage pour prendre le contrôle des objets connectés dans la maison : acteurs historiques comme Schneider ; acteurs du numérique comme Google ou Apple ; nouveaux entrants ; ou encore, opérateurs télécoms (oranges, SFR). Le vainqueur sera capable de vendre au réseau de la charge ou de l’effacement. Ce marché dit de la « capacité (à produire ou à effacer) » a été ouvert cette année en France.
Oui mais comment on fait le soir quand il n’y a plus de soleil ?!
Il est intéressant de noter que le fameux pic de production de 19h (qui est en fait aujourd’hui la conséquence du pic de consommation) se déplacerait à 13h dans un monde 100 % renouvelable. Et là, c’est un vrai pic de production et pour répondre à votre cher(e) et tendre, c’est le moment ou le lave-vaisselle sera mis en route !
D’ailleurs le seul scénario où le 100 % renouvelable ne fonctionne pas… est celui où l’internet des objets prend du retard… alors retroussons-nous les manches !
Thomas Costes
Consultant Manager, Hardis Group
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5 Comments
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Très bon article, qui me fait réaliser pour la première fois comment/pourquoi il est possible d’imaginer un modèle de société où les appareils électriques seraient suffisamment “intelligents” pour ne fonctionner qu’aux moments favorables en terme de capacité de production d’électricité, rendant alors possible un recours exclusif aux énergies renouvelables.
Sur l’idée du “pré-requis” : n’y a-t-il pas, en fait, d’autres voies envisaegables, comme celle ouverte par exemple par les “super-accus” type ‘Tesla PowerWall’ ? Dans ce cas il me semble, seul le super-accu aurait besoin d’être connecté et rechargé au meilleur moment, et non chacun des appareils se trouvant en aval ?
D’une manière générale, nous aurons aussi besoins de capacité de stockage. Les super accus de Tesla en font partie, mais aussi pourquoi pas les véhicules électriques. A ce jour la meilleure capacité de stockage – déjà installée – reste le chauffe eau électrique !
Par contre, je pense que le réseau demandera de piloter l’accu ET les consommateurs de la maison afin d’arriver au coucher du soleil avec la batterie pleine, l’au chaude dans le chauffe eau ET la vaisselle propre ! Malheureusement le réseau n’a pas encore prévu de ranger vaisselle à notre place 😉
super article, hâte et curieuse de connaitre l’avenir !
Article très intéressant, qui montre que l’internet des objets peut reposer sur un objectif ambitieux, qui va au-delà de la vision purement commerciale qu’on pourrait s’en faire. Si tout ça se met en place, ça laisse envisager l’avenir, du point de vue énergétique, avec un certain optimisme.