Les objets connectés, un marché extrêmement prometteur selon de nombreuses études prospectives, mais aussi le buzz du moment ? Tout est connectable, même les pigeons, vous dirait Rémy. Mais si tout est connectable, il est indispensable de réfléchir aux usages afin d’apporter de la valeur aux utilisateurs. La sacro-sainte automobile n’échappe bien évidement pas à cette lame de fond. Mais au fait, à quoi ça sert une voiture connectée ? J’ai testé pour vous. Bilan de cette expérience après quelques mois d’utilisation. Ceux qui me connaissent bien se demandent pourquoi je n’ai pas plutôt connecté mon vélo !? À suivre dans le prochain épisode de ma vie connectée. 😉
Comment connecter sa voiture ?
Les assureurs sont évidemment sur le pied de guerre. Je me suis donc inscrit au programme MAIF ad GO proposé par mon assurance (la MAIF) https://www.maifandgo.fr.
Quelques réflexions intéressantes autour de ce projet :
- C’est un programme participatif. La MA
IF ne sait pas encore trop ce qu’elle veut
faire des datas (enfin c’est ce qu’elle communique…). Elle souhaite intégrer les utilisateurs et leur précieux retours dans la solution afin de l’aider à construire les usages autours des données récoltées. Pour ma part, je cherche encore ce fameux « usage. »
- C’est un programme agile. Au départ, seule l’application smartphone existait. Installé dans la voiture, elle donnait des informations sommaires et proposait un jeu également sommaire. Puis quelques mois après, le boîtier télématique a été ajouté avec des infos plus précises. L’application, elle, évolue en fonction des retours clients. Cela permet de co-construire la solution avec les utilisateurs.
- C’est un programme innovant et expérimental pour le moment, les inscriptions se font sur la base du volontariat sans notion de business. Le projet mixe objet connecté, big data et gaming. Quels que soient les retours utilisateurs, mener un tel projet pour un assureur me semble important. Cela permet d’apprendre et de développer l’écosystème.
- C’est un programme « gratuit ». Les données sont anonymisées avant exploitation par l’assureur. Si c’est gratuit, vous êtes le produit dit l’adage…
Concrètement, comment ça marche ?
Un boîtier télématique est branché sur la prise diagnostique du véhicule. L’objet n’est pas très design et le montage reste un peu du bricolage. Une première expérience utilisateur mitigée donc. Les solutions vendues ont fait un effort sur le design de l’objet (voir Xee ou Akolyt). Normal me direz vous quand on paye 150 € le boîtier !
Le dit boîtier récupère les données du véhicule. On ne sait pas lesquelles mais probablement la vitesse, le régime moteur, etc… Il est à noter que TOUTES les actions du conducteur sont connues du véhicule et donc potentiellement remontées à l’assureur (clignotants, position volants, freins à main, phares, etc …).
Le boîtier contient aussi un GPS et des accéléromètres. Il utilise sa propre carte SIM pour communiquer (GPRS/3G). En ajoutant l’enregistrement des conversations à bords via le main libre, on obtiendrait une « boîte noire » comme dans les avions. Sauf que c’est la boîte noire qui est dans le nuage, pas l’avion 😉
Ensuite il suffit de télécharger l’application smartphone/tablette ou de se connecter sur le site pour visualiser les statistiques de mes déplacements. Kilométrage, accélérations et freinages, vitesse moyenne, émissions de CO2, mais aussi types de routes et heures de déplacements.
Pour quels usages ?
Les premiers jours il y a un peu l’effet Wouahou. J’ai fait 32km aujourd’hui et pas un freinage brusque. Super ! Regarde, j’ai connecté ma voiture et j’ai pleins de stats, c’est cool non ? Ensuite, et bien on attend quelques mois pour avoir des données et recevoir enfin les précieux conseils de conduite. Et là, il faut avouer que c’est un peu le désert. Pour ma part j’apprends des informations essentielles telles que :
- 0,3 freinages brusque pour 100km
- 2 fois moins d’accélérations brusques le mercredi (cqfd : ça roule mieux le mercredi)
- J’émets 145,2g de CO2 par km (la valeur moyenne pour mon véhicule est de 150…)
- Je roule 1,9% du temps la nuit
Apres 4 mois de conduite, le seul conseil qui m’est donné est « anticiper les freinages en mettant le pied sur le frein »…
Bilan, ces statistiques sont finalement inutiles en tant qu’utilisateur. Je comprends bien la valeur ajoutée pour l’assureur. Ces données pourront permettre demain d’affiner le risque, voir de proposer des assurances sur-mesure pour chaque assuré en fonction de sa conduite. Cela démontre bien que pour réussir un projet IoT, la solution doit apporter de la valeur à toutes les parties prenantes (à celui qui paye certes mais aussi à l’utilisateur final).
Je vais probablement débrancher mon boîtier… pourtant la promesse était belle, il y avait un beau cocktail avec un objet connecté, de la data intelligence, du gaming, et de l’innovation participative.
Un peu de prospective
Les nouveaux modèles de véhicules seront (ou sont déjà) connectés. Les coûts technologiques de la connexion deviennent marginaux par rapport au coût d’utilisation d’un véhicule. La question est donc bien de comprendre quels services apporter au conducteur en échange du partage de ses données. Une réduction de la prime d’assurance, des services (géolocalisation du véhicule en cas de vol, assistant pour réduire les coûts de maintenance, etc…).
Toutefois, je ne suis pas certain que ma fille se les posera un jour tranquillement installée dans son véhicule autonome…
Thomas Costes
Consultant et conducteur occasionnel, Hardis Group
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